Extrait des médaillons bordelais.
Bayssellance(Adrien Jean) est né le 24 mai 1829 à
la Négrie, commune de Queyssac (Dordogne). Il est décédé à Bordeaux
le 25 juillet 1907. Ses ascendants appartenaient à deux anciennes
familles protestantes du pays. Son père était notaire à Bergerac.
Adrien Bayssellance fit ses études
au collège protestant de Sainte-Foy la Grande. Reçu bachelier à seize
ans, il passa un an au Collège Royal de Metz, qui avait alors
pour censeur monsieur Broca de Sainte-Foy la Grande, et en 1846 il fut admis
à l'Ecole Polytechnique où son frère aîné l'avait précédé.
Le 24 février 1848, les élèves de cette école
étant allés se mettre à la disposition du Gouvernement provisoire
pour le rétablissement de long, les études furent interrompues, et, au
mois de mai de la même année, la promotion dont il faisait partie fut
affectée sans examen au service public. Nommé d'abord élève
ingénieur des ponts et chaussées, Adrien Bayssellance opta pour le
Génie Maritime et entra à l'école d'application de Lorient. Nous le
trouvons, en 1850, sous ingénieur à Brest; en 1854 à Rochefort, et,
en l859 détaché à Tarbes, au service des recettes des voies de la
Marine dans le bassin de la Gironde.
En 1865, il vint à Toulon où il fut chargé de
l'armement de l'escadre cuirassée et obtint l'année suivante la croix
de Chevalier de la Légion d'Honneur.
Appelé à diriger les réparations de plusieurs cuirassés
étrangers, il fut décoré des ordres de Sainte-Anne de Russie,
de Charles III d. Espagne et de la Couronne d'Italie.
Envoyé à Marseille en 1870, monsieur Bayssellance
se trouva au moment de la guerre, chargé de nombreuses commandes faites
à l'industrie privée. il contribua au rétablissement de l'ordre dans
cette ville en mars 1871
Il contribua au rétablissement de l'ordre dans cette ville en mars
1871. à cette occasion, il fut promu au grade d'officier de la Légion
d'Honneur. En 1905 il fut fait commandeur et obtint une couronne civique
de la Société d'Encouragement au bien.
Rappelé peu de temps après à Toulon, tout en conservant le service de
Marseille, il fut envoyé à Bordeaux l'année suivante et y prit la direction
du service des bois et fers et de la surveillance des constructions
navales confiées à l'industrie privée. Il conserva cette
direction jusqu. en 1876, époque où ce service fut supprimé
momentanément. Monsieur Bayssellance fut alors nommé sous-directeur
aux forges de la Chaussade à Guérigny ( Nièvre). Directeur par
intérim de ces forges, au moment des élections d'octobre 1877, il
s'opposa énergiquement à ce qu'aucune pression fût exercée sur le
personnel de l'usine en faveur du Ministère de Broglie-Fourtou.
Peu de temps après, il demanda à prendre sa
retraite pour revenir au milieu de ses amis de Bordeaux. Il ne tarda pas
à être investi de mandats de confiance par une population qui avait su
l'apprécier.
Elu conseiller municipal en 1878, monsieur Adrien
Bayssellance fut nommé adjoint délégué aux travaux publics, sous
l'administration de monsieur Albert Brandenburg. Il remplit ces
fonctions avec beaucoup de compétences et de dévouement jusqu'aux
élections de 1884, après lesquelles il tint à rester simple
conseiller municipal. Aux élections de 1888, nommé le premier sur la
liste il céda aux sollicitations de ses collègues du conseil et
accepta les fonctions de maire qu'il conserva jusqu'en 1892, sans aucun
souci de popularité personnelle. À cette époque, il ne fut pas
réélu.
Nous ne donnerons qu'une idée incomplète des
services rendus à notre cité par monsieur Bayssellance, en indiquant
ci-après les principaux travaux exécutés sous sa direction ou dus à
son intelligente initiative.
Comme adjoint, l'S.uvre la plus importante à
laquelle il s'attacha fut l'augmentation du volume des eaux de la ville
de Bordeaux.
Après avoir étudié plusieurs combinaisons pour
prendre les eaux d'arrosage dans la Garonne ou dans les jales, il
proposa l'acquisition et l'adduction à Bordeaux de la magnifique source
de Budos, donnant 300 l par seconde d'eau excellente. À cause de la
distance à franchir (plus de quarante kilomètres) la dépense totale
devait être de plus de cinq millions. Pour couvrir cette dépense, sans
augmenter les charges des contribuables, monsieur Bayssellance proposa
la conversion des anciens emprunts de la ville. Cette opération donna
une somme de plus de douze millions disponibles et permit de faire le
percement de la rue Clare prolongée de construction de plusieurs
écoles communales etc. etc.
Parmi les travaux déjà commencés dont il eut à
s'occuper comme adjoint, nous citerons :
La construction du
lycée, du Musée des Tableaux, des églises Saint Louis et
Sainte-Marie.
Les principaux travaux entrepris par les municipalités dont fit
partie monsieur Bayssellance comme adjoint délégué aux travaux
publics sont les suivants :
La
construction de la Faculté des Lettres et des Sciences, de la
Faculté de Médecine et de l'annexe de Saint Raphaël.
La
couverture du marché des Capucins.
La
restauration du Grand Théâtre (1881)
La
reconstruction de l'église Saint Pierre.
Vive
impulsion donnée à la construction des trottoirs dans les rues non
pavées, à titre de premier pavage, au bénéfice de la ville comme
des propriétaires.
Percement du cours
Tauzia (un projet fut dressé alors pour le prolonger jusqu'à la
place Saint Michel, puis le relier, parallèlement à la rue des
Faures et à la rue Bouquière, avec la rue Ravez qu'on devait
prolonger jusqu'au cours du Chapeau-Rouge).
Le classement de
diverses rues et notamment la transformation du quartier du
Sablona.
On doit à un monsieur Bayssellance, en fait de travaux personnels de
la même époque, la refonte des nombreux arrêtés réglant la voirie
et un règlement général.
Comme maire de Bordeaux, de 1888 à1892, on lui doit aussi :
Les
négociations pour obtenir l'École supérieure de la Santé de la
Marine, son installation provisoire, les projets et le
commencement de son installation définitive.
Les
études et la mise en oeuvre du percement de la rue Saint Vincent
de Paul.
La
passerelle de la rue Bouthier à la Bastide.
L'achèvement de l'Athénée et de la Bibliothèque de
la Ville.
L'achat
et l'installation du domaine de Carrière.
L'organisation de la caisse de prévoyance et de la
Bourse Municipale du Travail.
La
création du bureau d'hygiène, de l'Office central de Charité, du
Bulletin officiel municipal de la ville de Bordeaux, des Rapports
annuels du Maire au conseil municipal.
La
préparation d'un projet de réseau général d'égouts et d'un emprunt
de six millions de francs pour le réaliser. Dans cette somme était
compris l'achèvement de l'Hôpital des enfants, la caserne des
pompiers, et un projet de lycée de fille avec internat.
La
publication de la Monographie de Bordeaux ouvrage formant trois
volumes in 4°, accompagnés d'un magnifique atlas.
Ce travail rédigé avec la collaboration de
plusieurs savants bordelais, est un tableau on ne peut plus fidèle de
Bordeaux de 1892.. Il contient quelques aperçus rétrospectifs très
curieux et il fournira une somme énorme de documents précieux pour ce
qui viendront plus tard connaître le Bordeaux de notre époque.
N'oublions pas de rappeler que Monsieur Bayssellance
mit toujours une louable énergie au service de l'ordre, et, parmi les
mesures qu'il a prises dans ce but, nous citerons :
Fermeture du Congrès
ouvrier, qui avait arboré le drapeau rouge.
Arrêté interdisant
l'emploi du drapeau national comme enseigne des débits.
Lettre sur les
journaux pornographiques, qui eut un grand
retentissement.
Depuis que monsieur Bayssellance a fait de Bordeaux
sa cité d'adoption, son temps et ses autres capacités ont été en
grande partie absorbées par nos affaires municipales. Ses moments de
liberté ont été consacrés aux études scientifiques et aux diverses
sociétés dont il faisait partie.
Le touriste fervent de notre région pyrénéenne,
monsieur Bayssellance avait publié antérieurement à 1872, un relief
aux 1/40 millièmes des montagnes de la vallée d'Ossau, qui est le
fruit de vingt-cinq années de courses et de travail. Un exemplaire de
ce relief et déposé au musée de Pau et un autre dans l'établissement
des Eaux-Bonnes. Il a été fait une vue à vol d'oiseau de cette belle
vallée d'après une photographie de ce relief.
Monsieur Bayssellance avait écrit à cette même
époque divers articles sur les Pyrénées et sur les traces de la
période glacière dans la vallée d'Ossau en particulier. Ces articles
furent insérés dans le bulletin de la société Ramond et dans
l'annuaire du Club Alpin.
En 1879, il a fait paraître une brochure intitulée
: Représentation proportionnelle des minorités au moyen d'une nouvelle
méthode de scrutin. Paris Fischbacher in-8°, 20 pages.
Dans les sociétés savantes ou les associations
philanthropiques dont il faisait partie, monsieur Bayssellance a souvent
payé de sa personne ; aussi bien des fois, ses collègues l'ont-ils bien
des fois appelé au premier rang.
La section du sud-ouest du Club Alpin français
surtout a pris, grâce à son zèle, à son activité, à ses efforts,
une grande importance.
Monsieur Bayssellance a été :
Président que la
Société Philomathique en 1893
Président de la
Société des Sciences Physiques et Naturelles en 1876 et en
1894
Président de la
Société d'Hygiène Publique en 1883-84 et 1884-85
Président de la
Société d'Anthropologie en 1885 et
87
Aujourd'hui il est:
Président de la Société des Bains à bon marché
depuis sa création
Président du comité départemental des habitations à
bon marché.
Président fondateur du Sport Nautique de la Gironde
depuis 1878
Président de la section du Sud-ouest du Club Alpin
Français depuis 1878
Vice-président de l'Oeuvre de l'Hospitalité de nuit
depuis sa formation.
Administrateur du Dépôt de Mendicité et de la
Société de Secours aux Blessés Militaires.
Membre
de la Délégation libérale des Eglises Réformées de
France.
Une telle énumération dit assez ce qu'est l'homme
de coeur, le citoyen dévoué à son pays, dont nous donnons aujourd'hui
le portrait.
Il convient d'ajouter qu'à une grande énergie pour
faire prévaloir le juste et le bien, monsieur Bayssellance unit une
affabilité, une aménité une bonté parfaite. Par la loyauté, la
pureté et l'élévation des sentiments, il attire l'estime de tous ceux
qui l'approchent.
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